mercredi 10 juillet 2019

Mon corps et moi #10dumois

Ce rendez-vous du mois de juillet sera consacré à...  Mon corps et moi !
Oui oui oui
Déjà le sujet proposé distingue moi et mon corps.
Et c'est vrai que cette dichotomie me parle.

Pendant très longtemps, après un temps long à travailler intellectuellement, il n'était pas rare que je sursaute en croisant mon reflet.
A chaque fois, je mettais quelques centièmes de seconde à me dire : "ah oui, c'est moi" ou "ah c'est vrai je ressemble à ça".
J'étais un pur esprit, replié dans ses pensées, comme désincarné et me voir était bizarre. 

Bref mon corps et moi c'était pas l'amour fou fou...

L'autre jour dans la rue, en allant au marché, je cheminais derrière une minette de 15-16 ans.
Elle portait son téléphone à bout de bras et semblait s'enregistrer en marchant.
Elle se trémoussait, agitait sa tête de droite et de gauche, faisait bouffer ses cheveux, dénudait une épaule, prenait la pause... Je la voyais de dos, mais j'imagine qu'elle devait faire des moues boudeuses, des clins d'oeil, des baisers au vent...

Le manège a duré plusieurs minutes.
Je me suis dit "elle, elle fait l'amour à la caméra".
Puis une question s'est imposée: 'est-ce que c'est de la comédie ou elle est vraiment sérieusement in love avec elle-même ?"
Et puis une autre... Au même âge, c'était comment mon corps et moi ?

A 12-13 ans je n'avais pas de complexe. Je me souviens avoir fait un défilé en colo, avec mon tube cagoule en mini-jupe. J'imitais "Lucie Botes" qui était un drôle de petit canon... Le monde était à moi. Je n'avais pas encore pris conscience que ce corps en début de transformation pouvait être une source de souffrance.
Je faisais de la danse, j'adorais cela.
Je me trouvais jolie, on me le disait.

A 16 ans j'étais ultra complexée, je me trouvais "grosse", mal foutue. Un garçon (amoureux de moi en plus) avait largement saboté ma belle confiance. Un harcèlement en règle (maintenant on dirait ça, mais dans les années 80, personne n'a apporté la moindre attention à cette pluie de quolibets et de moqueries ciblées).
A 17 ans j'étais anorexique et enfin "in love" avec mon corps dénué de formes.
A 20 ans, j'avais basculé dans la boulimie. Repris 20 kilos. Une décennie de lutte et d'enfer s'ouvrait.
A 30 ans je travaillais d'arrache-pied à m'aimer. Thérapie, ostéopathie, sophrologie... L'endométriose venant compliquer la donne.


Depuis mon corps et moi, on a fait du chemin. La maternité a été un pas important vers la réconciliation.
Mon ventre trop rond a porté mes deux enfants. Il m'a permis d'être mère. Et ça un pur esprit ne le pouvait pas !
Mes seins trop gros et lourds, on allaité mes deux bébés. J'ai pu comprendre mon lien particulier à la nourriture à travers ces deux expériences.
Mes mollets trop musclés me préservent des varices pour le moment. Et franchement, c'est plutôt pas mal
Je suis toujours "trop grosse" à mon goût. Même si cliniquement, mon IMC m'affuble juste d'un léger surpoids. Et que mon chéri me trouve tout à fait à son gout (merci mon amour !! j'aime mon homme !!)
Je suis toujours en train d'osciller entre critique acerbe et indulgence raisonnée.
Je suis toujours suivie par un diététicien. Un homme merveilleux qui sait écouter mes angoisses, rassurer mes accès de bouffes, tempérer mes alternances de pertes / gains de poids.

Mon corps c'est moi.
Je l'incarne (du mieux que je peux)
Je me dénude l'été.
Je m'enveloppe dans des jupes, des hauts décolletés, je porte des talons.
J'ai arrêté de ne m'offrir que des couleurs sombres, je m'achète des parures rouges, orange, bleu ... Pour le mettre en valeur.
Je ne m'épile pas toujours (je suis un mammifère j'ai des poils).
J'essaie de me protéger des rayons nocifs du soleil, de me nourrir de manière équilibrée, de me faire plaisir aussi.
J'ai pris conscience que si je veux voir mes enfants grandir et mes petits enfants aussi, il faut que je prenne soin de mon corps et que mon esprit et lui fasse alliance.

C'est un travail de longue haleine, qui se construit petit à petit.
J'ai même accepté de poser plusieurs fois pour mon pote photographe.

Et vous, c'est comment votre corps et vous ?


2 commentaires:

  1. C'est un bel exemple de resiliance tout ça. Bravo pour le chemin parcouru même si tu n'es pas encore satisfaite de tout. Bisous à toi et ton corps parce que vous le valez bien

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  2. Merci pour cet article et bravo pour l'exemple que tu (me) donnes

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