jeudi 22 avril 2021

Faire son deuil, le poids des objets

Image par Kranich17 de Pixabay

En novembre 2019, je suis devenue orpheline, à la mort de ma mère.

Et oui, même à 46 ans, c'est le mot quand on n'a plus ses parents.

J'avais perdu mon père en 2012, la perte avait été compliquée, mais quelque part, "rien" de nos  routines ne changeait.

Maman était là, dans la maison familiale, je l'appelais plus souvent, j'allais la voir aussi dès que possible, je m'inquiétais pour elle, les fêtes de famille était moins gaies, moins animées (mon père était un sacré colérique, qui animait bien...). La vie dans le Jura était devenu triste, mais la vie a continué, stable.

A la mort de ma maman, nous avons vendu la maison. 

Nous n'avions pas les reins financièrement pour l'assumer et surtout les deux sont morts d'un cancer du cerveau... La peur d'un environnement toxique rendait la maison... peu attractive.

Et là, la perte m'a semblé totale. Brutale. Violente. J'ai perdu mes parents une deuxième fois.

Je suis la première à être étonnée de l'importance de cette maison dans ma vie. Cette maison n'était pas très jolie, pas du tout fonctionnelle, dans un coin du Jura plutôt banal. Je n'y ai vécu que 11 ans, car ma petite enfance était à l'Ile de la Réunion.

Mais quand nous l'avons laissé derrière nous, j'ai eu l'impression de perdre un autre membre de ma famille.

Mes études de psychologie m'ont pourtant appris qu'on laisse des parties inconscientes de nous dans notre cadre... mais à ce point-là ?

Nous l'avons vendu il y a un an. Et j'ai arrêté de rêver à elle, il y a peu.

Elle est restée dans la famille, mais le cousin qui l'a acheté l'a entièrement transformée, pour en faire 3 appartements. 

La voir ainsi, éventrée, transformée, tous ses arbres coupés... C'était pire que tout. 

Je sais qu'un deuil c'est long, il y a des étapes, des rechutes dans la tristesse...

Et je sais aussi que les objets que j'ai ramené m'aident à le faire.

Quand je découpe la miche de pain avec le couteau scie de mon enfance, quand je sers le rougaï saucisses dans le plat en grès de maman, quand je prépare des gâteaux dans son saladier en terre, ma mère n'est pas tout à fait morte, et mon enfance (pourtant bien pourrie, mais ça c'est une autre histoire) est encore présente.

Il faut du courage pour se débarrasser des choses, après avoir perdu les personnes. Je m'en suis aperçu à cette occasion.

Les objets du quotidien sont autant de béquilles, de souvenirs muets, ils ne parlent qu'à moi, mais je sais qu'ils m'aident à supporter l'absence et la perte.

Et vous ? Avez-vous des objets béquilles ?

 

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